un interview tres interessante de Canto qui parle de Manchester, de l'OM, de l'equipe de France et de la possibilité d'etre un jour entraineur (d'un tres grand club)
quote: | Cantona, entraîneur révolutionnaire ?
Eric Cantona brise le silence dans une longue interview à paraître mercredi dans l'hebdomadaire culturel « Les Inrocksuptibles ». Il y livre sa vérité sur le foot-business, l'Angleterre et la France, l'OM et le Mondial 98.
L'ex joueur de Manchester United et de l'équipe de France (45 sélections, 19 buts entre 1987 et 1995), qui a quitté le football en 1997, révèle à quel point les évolutions du sport depuis sa retraite le désolent. « Aujourd'hui, tu ne joues plus vraiment : tu gères une entreprise, tu ne défends plus les couleurs de ton club à chaque seconde. Moi, si Manchester jouait cent cinquante matches dans la saison, je voudrais participer aux cent-cinquante matches, même pas sortir une minute. Je n'aurais pas pu gérer les matchs au coup par coup. Je pleure quand je vois ça. Aujourd'hui, les mecs subissent ce système comme des moutons dans un troupeau. » Ou encore : « Aujourd'hui, tout est nettement plus calculé : les joueurs écrivent, avant le match, des messages pour leur femme ou leur bébé sur leurs t-shirts et s'ils marquent, ils exhibent ça devant les caméras. Mais moi, j'étais tellement dans l'instant, l'émotion, que j'ai fait des trucs ridicules après avoir marqué. C'était un moment de transe. ».
Le développement à outrance du football-business a d'ailleurs été à l'origine de son départ précipité de Manchester, révèle-t-il. « Je m'en vais de Manchester parce que j'ai perdu la passion pour le jeu, parce que je ne maîtrise plus le merchandising, dit Cantona à Jean-Daniel Beauvallet et Pierre Siankowski. Parce que je ne veux pas devenir un produit. (.) A un moment donné, c'est le produit Cantona qui compte, le profit. Et là, il faut partir. (.)» L'entretien regorge, malgré tout, de déclarations d'affection infinie envers l'Angleterre, « seul pays » où il aura pu jouer. « Au lieu de rogner les personnalités, on les encourage : tout ce qui compte en Angleterre, c'est ce qu'on donne sur le terrain. Sorti de là, on peut dire ce qu'on veut, s'habiller et vivre comme on veut. Aujourd'hui, certains entraîneurs demandent à leurs joueurs de vivre comme ci ou comme ça, de se couper les cheveux même. Non mais ça va pas ? » Et à un détour de phrase sur l'hymne national, Canto confirme : « Je ne suis pas fier d'être français. Par contre, quand on a joué la finale de la Cup avec Manchester, j'ai pleuré sur un hymne national. Mais pas celui de la France : "God Save The Queen", repris en choeur, c'est bouleversant. »
Toujours au rayon émotions fortes, Cantona fait part de son « amour subi » persistant pour l'Olympique de Marseille, club de son enfance. « Dans le conflit entre le coeur et la raison, c'est le coeur qui gagne... Malgré tout ce qui s'est passé, quand j'apprends que le club a perdu, j'en suis ému aux larmes. Alors qu'il y a là tout ce que je hais dans le sport. » Cantona ne confesse par ailleurs aucun regret à l'évocation de la Coupe du monde 1998, qu'il a manquée pour avoir été exclu de la sélection d'Aimé Jacquet après sa longue suspension, en 1995. « J'aurais voulu la jouer. Ma non-sélection a évidemment été liée à ma personnalité. Tu peux me faire gagner dix Coupes du Monde, ça ne me satisfera pas si j'ai dû me renier pour arriver là. »
Plus étonnant enfin, l'ancien joueur d'Auxerre, Bordeaux, Marseille, Nîmes, Leeds et Manchester n'exclut pas de prendre place un jour sur un banc de touche pour diriger une équipe. Mais il place la barre très haut. « Ce sera une équipe comme Manchester promet-il. J'ai une certaine idée sur le jeu et je n'accepterai de devenir entraîneur que si je peux apporter ma vision, si j'ai la sensation que le jeu peut évoluer. (.) Automatiquement, ça sera révolutionnaire - même si je peux me planter. Pour le faire, j'ai besoin de grands joueurs. Et les plus grands joueurs, ils se trouvent dans un club comme Manchester. » Eric Cantona partage aujourd'hui son temps entre sa carrière d'acteur et d'organisateur de tournois de beach soccer.
|
|