quote: | Les filières pro de la faculté sérieusement menacées
« Un véritable gâchis ». Dans son bureau au premier étage de la faculté de sciences, à Mont-Saint-Aignan, Marc Engel soupire.
L'enseignant-chercheur a participé, ici, il y a douze ans à la création d'un des premiers Instituts universitaires professionnalisés (IUP) de France et ne peut se résoudre à voir bientôt tout le travail accumulé réduit à néant. « Tout le monde reconnaît que nous avons réussi en professionnalisant nos formations et en associant étroitement les professionnels. Même le ministère l'admet ! Pourtant. » souffle le directeur de l'IUP de Génie électrique et informatique industrielle (GEII).
A Paris, la direction de l'enseignement supérieur semble en effet juger peu compatible la conservation des IUP dans leur forme actuelle alors que l'université engage actuellement une réforme progressive de ces cycles d'évaluation.
Harmonisation européenne oblige, le rythme 3-5-8 (années) va s'imposer, correspondant respectivement à des grades de licence, master, et doctorat. Or, avec leur recrutement à bac + 1 ou bac + 2 et leur diplôme à bac + 4 les IUP font désordre. Le ministère souhaite que leur recrutement se fasse désormais après la licence et que la formation ne dure plus que deux années (4 semestres), aboutissant à la délivrance d'un master professionnel. Le titre d'ingénieur-maître ne pourrait plus alors être mis en avant auprès des entreprises par les diplômés.
Manifestation aujourd'hui à Rouen
Une perspective que rejette en bloc non seulement les enseignants mais aussi les étudiants des IUP, au nombre de 50.000 en France.
En Normandie, il sont environ 1.500 répartis dans 12 instituts à Rouen (6), Caen (3), Le Havre (2) et Evreux (1). « Ces formations représentent pour nous une véritable chance d'insertion professionnelle. Compte tenu des mois de stage que nous devons aujourd'hui accomplir, il n'est pas possible de concentrer la formation sur deux ans. En fait la vraie raison de tout cela c'est que les IUP coûtent trop cher parce que nous avons beaucoup plus d'heures de formation par an (NDLR : 850) que les autres. Mais la formation vaut aussi souvent celle des écoles d'ingénieurs » argumente Christophe Cozette, 26 ans, en deuxième année au GEII.
A ses côtés, Nicolas Duplat, en troisième année, veut défendre la fonction « d'ascenseur social » qu'ont également rempli ces instituts : « Pour beaucoup de diplômés de BTS ou d'IUT cela permettait de pouvoir continuer et de viser un poste d'ingénieur et de cadre. Désormais, ils pourront seulement poursuivre avec une licence professionnelle » regrette-t-il.
Demain, à 15 h, les deux étudiants et leur funèbre banderole retrouveront leurs camarades et enseignants devant les grilles du rectorat à Rouen pour une manifestation « contre cette mort annoncée » des IUP. |
Bah, y'avait pas super foule
Menfin, je suis passé à la télé (de loin) sur France 3 normandie
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