quote: | Cannes: "Matrix Reloaded", une nouvelle norme visuelle ?
Les trois premiers rôles de "Matrix Reloaded", suite du film "Matrix": Carrie-Anne Moss (à gauche), Laurence Fishburne (au centre) et Keanu Reeves. "Matrix Reloaded", présenté jeudi au Festival international du film de Cannes, développe l'histoire propre des personnages du premier jet en en enrichissant la galerie, occasion de nouvelles rencontres.
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par Wilfrid Exbrayat
CANNES (Reuters) - « Matrix Reloaded » repousse encore plus loin, s'il était possible, les limites de la virtuosité virtuelle déjà patente dans le premier volet de la trilogie des frères Wachowski et impose rien moins qu'un nouveau standard visuel.
Si l'idée force de « Matrix » était la recherche de l'Elu (Neo, Keanu Reeves), celle de « Matrix Reloaded », qui sort le même jour aux Etats-Unis et le lendemain en Europe, est la propre quête de Neo, alors que Zion, la dernière cité de l'humanité non asservie par la machine, risque de tomber.
Le point d'orgue de ce deuxième chapitre est la rencontre de Neo avec le concepteur de la matrice dans une ambiance qui n'est pas sans rappeler les derniers moments de « 2001 Odyssée de l'espace », de Stanley Kubrick.
Il s'ensuit alors un dialogue qui contribue à renforcer cette impression de fourre-tout métaphysique, philosophique et autres qui est aussi une marque de fabrique de la saga.
«Matrix Reloaded » développe l'histoire propre des personnages du premier jet en en enrichissant la galerie, occasion de nouvelles rencontres, dont la plus savoureuse est sans doute celle de Mérovingien (Lambert Wilson), un « méchant » de la matrice doté d'un redoutable accent français, d'une plantureuse compagne (Perséphone, Monica Bellucci) et d'une paire de redoutables jumeaux à la coupe rasta farineuse.
La relation amoureuse entre Neo et Trinity (Carrie-Anne Moss) est consommée dans cette Zion qui sera bientôt attaquée par 250.000 sentinelles de la Matrice. Zion est la ville d'une humanité multicolore, sans castes mais empruntant moult caractéristiques tribales.
Sa structure toute en lignes verticales renvoie directement à une nouvelle Metropolis et dans sa cathédrale troglodyte, Morpheus (Laurence Fishburne) s'emploie à convaincre la population que Neo est la clé de leur sauvegarde, oraison mystique qui sera suivie de danses païennes devenues comme autant d'actions de grâce.
Cette diversité de lieux qui frappe l'imagination reste l'un des principaux apports de cette suite mais l'un des plus frappants d'entre eux reste cette petite cour virtuelle encerclée de tours où Neo rencontre pour la deuxième fois l'Oracle qui lui résume sa quête simplement : les choix sont déjà faits, il s'agit maintenant de les comprendre.
Surtout, il s'y déroule un combat mémorable entre un Neo new look, toujours aussi poseur, drapé dans un long manteau noir qui lui donne un air de Dracula, et le fameux agent Smith (Hugo Weaving), un agent amélioré, « upgradé » comme tout bon programme informatique, qui possède surtout la particularité de se répliquer en de multiples clônes.
BURLY BRAWL ET MOTION CAPTURE
Pour mettre en image ce combat titanesque (baptisé Burly Brawl), le procédé du « Bullet Time » du premier Matrix ne suffisait pas. Il a été largement amélioré et recours dans une large mesure à la « motion capture », elle-même largement utilisée dans le jeu vidéo : le corps recouvert de senseurs, un cascadeur prend diverses poses qui seront ensuite retranscrites par une programme de graphisme en 3D à partir duquel se développera une animation en continu.
Non contents de réinventer le cinéma des arts martiaux, les frères Wachowski réinterprètent un autre classique de l'image de cinéma , celui de la poursuite automobile : combats sur le toit d'une remorque, autoroute remontée à contresens à moto, autant de moments où grâce et brutalité se heurtent dans une tonalité gris bleutée.
Conscients que « Matrix Reloaded » était certainement l'un des films les plus attendus de l'année, les organisateurs du festival avaient mis les petits plats dans les grands pour accueillir toute l'équipe du film. Toute? Non, car manquaient à l'appel rien moins que les frères démiurges.
Le producteur Joel Silver, qui lui était bien là, a pris soin avant toute chose d'excuser leur absence, affirmant qu'Andy et Larry étaient tous deux littéralement « ensevelis » par la masse de travail que nécessite le bouclage du dernier volet : «Matrix Revolutions», dont la séquence finale devrait être selon lui « époustouflante ».
Il a confirmé que « l'histoire se terminera dans le prochain film et à ce moment-là, il y aura des réponses à bon nombre de questions, même s'il n'y aura pas de réponses à tout ». De fait, «Matrix Reloaded » ne laisse aucun doute sur la poursuite de l'aventure, en se concluant sur un « To be continued » (A suivre) digne des meilleures séries télévisées, la suite étant prévue pour novembre.
Comme cela risque d'être une habitude durant ce festival, l'équipe de « Matrix » s'est vu poser l'habituelle question liée au contentieux diplomatique entre Paris et Washington, lié à la guerre en Irak.
« Globalement, le cinéma et les festivals du film en général devraient être un moment de rassemblement et de célébration de l'Art et de l'humanité. Ce serait honteux qu'une telle division puisse exister », a répondu Keanu Reeves.
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