Aller une petite enquête inintéressante sur le monde du travail chez nous et une paire d'autres pays.
quote: | Managers : une enquête qui nous interpelle
-Quelles sont les relations entre salariés et managers ?
-Comment ces derniers sont-ils perçus ?
-Un manager c'est quoi exactement ?
-En France, on emploie indistinctement ce mot pour désigner les chefs ou les employeurs, au moins des petites et moyennes entreprises. Il a, en outre, une connotation de direction et d'organisation du travail.
-C'est cette interprétation que nous retiendrons et qui est d'ailleurs utilisée dans l'enquête que nous présentons et qui vise explicitement les responsables directs du salarié.
-L'enquête a été réalisée par le cabinet de conseil en ressources humaines BPI, qu'a rejoint depuis 2005 Bernard Brunhes Consultants et l'institut de sondage BVA.
-Ces deux organismes ont une habitude de travail en commun puisqu'ils sortent, depuis plusieurs années, un Observatoire du Travail semestriel, qui en est aujourd'hui à sa 12ème édition.
Qu'a-t-on étudié et sur qui ?
-Plus précisément, cette enquête "Managers", réalisée d'octobre à décembre 2007, visait à caractériser la nature des relations entre les salariés et leurs managers : rôles, images, attentes, légitimité.
-Cette enquête a été menée dans 10 pays en parallèle : Allemagne, Espagne, France, Italie, Maroc, Pologne, Roumanie, USA, Royaume Uni et Suisse. 500 salariés ont été interviewés à chaque fois, et 1000 pour les USA.
-L'échantillonnage a été établi à partir de la représentativité en sexes, âges et professions des salariés des entreprises de 10 salariés et plus, du privé et du public.
Quels sont les grands résultats du sondage ?
-La 1ère information qui en ressort est brutale : les Français sont ceux qui ont la moins bonne opinion de leurs dirigeants comme de leurs responsables directs, encore que ceux-ci fassent un score léger meilleur que les premiers.
On ne s'étonnera pas de voir la Suisse, le Royaume Uni ou les USA faire mieux.
On peut aussi se consoler en se disant que les Allemands ne sont pas loin derrière nous.
On se demande, par contre, comment nous pouvons nous faire distancer de 10 à 20 points sur les bonnes opinions par le Maroc, la Roumanie ou la Pologne.
-Parmi les indices de réponse, on remarque d'abord que ce sont aussi les managers français qui sont considérés, par leurs subordonnés, comme les moins compétents.
Attention, à la question " votre manager est-il compétent" on ne descend quand même pas en dessous de 75 %.
Mais qu'un manager puisse être considéré comme compétent, on peut s'attendre à ce que la réponse soit naturellement positive.
C'est d'ailleurs ce qui se passe à 90 % aux USA et ne descend jamais en dessous de 82 % pour tous les autres.
Alors, en arriver à 75 %, bon dernier du classement, c'est déjà déstabilisant.
Bof, on peut toujours mettre ça sur le dos du mauvais caractère du gaulois qui sommeille en chacun de nous.
Oui, mais quand on voit aussi que nous partageons, avec l'Italie, le plus mauvais résultat sur l'opinion des salariés quant à l'ouverture des managers aux remarques, on ne peut pas en rester aux pirouettes et explications de comptoir.
Le point central de l'enquête : l'organisation du travail
-Et puis, sortant des appréciations générales, on en arrive à celles qui concernent directement l'organisation du travail.
A toutes les questions du type "information sur les orientations et changements", "organisation de l'équipe", "instructions données", appréciations du travail", nous sommes aussi bons derniers, souvent en commun cette fois avec l'Italie.
L'appréciation est encore plus mauvaise sur l'aide que peut trouver auprès d'eux pour progresser dans le travail ou le soutien en cas de difficultés.
Entendons-nous aussi ici : les appréciations négatives ne dépassent jamais les 40 % mais ils ne sont quand même que 59 % à être considérés comme un soutien en cas de pépin, là aussi loin derrière les autres qui gravitent autours des 80 %.
L'enquête mérite bien sûr d'être examinée en détail, tant pour éviter les images d'Épinal que la caricature.
D'autant plus qu'elle met en évidence quelques corrélations intéressantes.
Le type de relations avec le supérieur et l'opinion sur la compétence par exemple.
Ainsi ce sont les pays où les salariés considèrent avoir le plus de relations amicales avec leurs managers qu'ils ont la meilleure appréciation sur leur compétence.
Comme quoi, semble-t-il, ce n'est pas la distance qui fait le respect et la reconnaissance par rapport aux chefs mais la proximité.
Que peut-on retenir de la situation en France ?
-Au total, pour la France, 3 grandes demandes des salariés émergent clairement de cette enquête :
- • D'abord une meilleure reconnaissance du travail
- • Ensuite une plus grande contribution au développement professionnel
- • Enfin un soutien plus affirmé face aux situations difficiles
Voilà un programme d'action managériale tout tracé.
En effet, il faut se rappeler que ce sont plus de 80 % des conflits survenant dans le cadre des relations du travail sont le résultat d'un (ou plusieurs) malentendus entre ce que, d'un côté, on pense avoir dit de ce qui était attendu.
Et de l'autre, ce qu'on pense avoir fait ou fait savoir qu'on a fait.
Même les conflits à propos des salaires y trouvent leur source. Et cela, précisément, dans l'écart entre l'effort ou le résultat qu'on pense avoir amenés d'un côté et la rétribution (insuffisante bien sûr) qu'on en a obtenue de l'autre.
L'axe central de toute politique managériale est bien entendu d'œuvrer à la résorption de ces écarts pour au moins réduire la part des malentendus et des conflits qu'ils engendrent.
Pour cela, la stratégie d'action autours des descriptions de poste et leur classement ainsi que les procédures d'évaluation régulière du travail, est considéré comme le socle basique à mettre en œuvre.
En dehors des grandes organisations, dans combien d'entreprises prend-on le temps d'écrire, en concertation si, possible, les descriptions du travail attendu …et bien sûr, de les remettre à jour au moins chaque année, parce que le travail change vite, lui aussi ?
Combien de dirigeants considèrent que leur temps et celui de leurs managers n'est pas perdu lorsqu'il passe 2, maximum 3 heures par an avec chacun de ses subordonnés pour évaluer le travail réalisé, fixer à froid des objectifs et des moyens et, si possible parler, les yeux dans les yeux, des éléments de leur rémunération ?
-Sur beaucoup de ces sujets, nous sommes en retard en France.
Il ne faut pas chercher plus loin les raisons de nos mauvais classements.
Sinon que se rappeler que nous sommes aussi, hélas, l'un des pays où la notion de communauté autour du travail et de l'entreprise est la moins développée.
Et cela grâce à une culture d'exclusion et d'affrontement, où patronats et syndicats se sont mutuellement épaulés pour entretenir l'animosité et qui a du mal à s'estomper.
L'enquête le montre bien : les salariés français réclament davantage de participation et de reconnaissance.
Il est de la responsabilité des employeurs de mettre en place les outils de ressources humaines connus et adaptés. |
Il a du boulot notre gouvernement pour changer les mentalités au travail, et ce d'un coté comme de l'autre...
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