Une petite explication de la stratégie du Real depuis le départ de Makelele. Le rôle de Beckam est apparemment trouvé au sein de cette équipe de star.
Je vous le recommande, un beau texte sur le foot
quote: | Le Real Madrid est peut-être l'équipe grâce à laquelle la philosophie du roi Pelé va retrouver une actualité. « Le football consiste à marquer un but de plus que l'adversaire » répète à l'envi le Brésilien contre toutes les modes en vigueur depuis qu'il s'est retiré. Perméable comme une équipe moyenne (1,5 but encaissé par match), le champion d'Espagne est en train de lui redonner raison en se mettant hors d'atteinte grâce à des avalanches de buts inhabituelles (7-2 contre Valladolid, 4-2 contre Marseille). Le Real Madrid n'a toujours pas l'attelage défensif le plus incisif d'Europe, ni une profondeur de banc très rassurante au matin d'une saison qui s'annonce très longue. Toujours violée depuis le début de la saison (six buts encaissés en quatres matchs), l'équipe de Carlos Queiroz n'a jamais été battue.
Après une tournée de promotion en Asie « pas idéale » pour la préparation physique des troupes, dixit Zidane, le club du président Perez suscitait une malsaine curiosité depuis plusieurs semaines. Depuis ce stage à vocation commerciale, marqué par l'arrivée de la superstar Beckham, le nouvel entraîneur des Meregue assurait pouvoir construire une équipe révolutionnaire qui évoluerait en 4-1-3-2, avec trois milieux créateurs placés derrière le duo Raul-Ronaldo. Un schéma très, très risqué, qui reposait essentiellement sur la faculté de Claude Makelele, seul milieu devant la défense, à démultiplier ses efforts. Le départ du Français à Chelsea, au dernier jour du marché des transferts, a fini de convaincre les plus sceptiques que le club aux neuf Ligues des champions s'était reconverti dans le commerce des maillots. En demi-finale de la dernière C1, l'absence de Makelele s'était révélée insurmontable contre la Juventus (2-1, 1-3), et une fin de match très pénible lors de l'ouverture de la Liga contre le Bétis (2-1), a démontré, s'il en était besoin, qu'il serait impossible de pratiquer un jeu si ouvert toute la saison.
Mardi face à l'Olympique de Marseille, pour son entrée en Ligue des champions, le Real Madrid a pourtant montré qu'il restait une machine à gagner d'une redoutable efficacité et.... d'une indéniable cohérence. Le Real s'est aligné dans un 4-2-3-1 proche, dans sa philosophie, du système de jeu employé par l'équipe de France entre l'Euro 2000 et la Coupe du monde 2002, ou du schema privilégié par Paul le Guen dans la conquête du titre avec Lyon en 2002-2003. La clef de cette nouvelle approche a été le changement de poste de David Beckham, devenu milieu récupérateur devant la défense, axe droit, aux côtés d'Esteban Cambiasso, remplaçant désigné de Makelele, redoutable compétiteur mais au volume de jeu inférieur.
Trois raisons ont poussé Carlos Queiroz à reconvertir son space boy dans ce rôle à sa mesure. Depuis son arrivée, l'ex-joueur de Manchester a amené au Real un goût pour le combat typiquement british qui sied parfaitement au poste. En équipe d'Angleterre, Beckham est régulièrement utilisé dans un registre de milieu axial, certes plus offensif, mais qui lui a permis d'étoffer son registre saison après saison. Enfin, doté d'une qualité de passe exceptionnelle dans une équipe supérieurement technique, il offre des solutions de relance plus diverses et précieuses que celles du partant Makelele, adepte quasi exclusif du jeu court. Cette seule modification de placement permet au Real de conserver la sécurité défensive offerte par le jeu en zone, pour peu que le travail de compensation soit effectué par les joueurs offensifs. Pas de doute sérieux à ce sujet : Zidane ou Raul se sont retrouvés au poste de récupérateur lorsque le jeu l'exigeait, et Beckham a même occupé quelques minutes le poste d'arrière-droit !
La contrepartie nécessaire, c'est que le Real n'a rien perdu au change sur le plan offensif. Le 4-2-3-1 est connu pour permettre une utilisation optimale de la largeur et de la profondeur. Or, avec deux finiseurs de top niveau mondial (Ronaldo, Raul), un joueur de débordement polyvalent (Figo) et deux passeurs de tout premier plan (Zidane, Beckham), le Real Madrid a suffisamment de ressources pour pratiquer ce schéma en brouillant en permanence les pistes et, à la limite, en faisant presque disparaître la notion de poste. « Des postes, il n'y en a plus, indiquait justement Zidane au micro de Canal+ après la victoire contre Marseille. Je me promène au milieu, en jouant un peu plus à gauche pour l'équilibre de l'équipe. » Equilibre, un mot qui avait semblé disparaître du vocabulaire du club le plus démesuré du monde, mais qui lui assurera peut-être son salut si les ego ne viennent pas s'en mêler.
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