quote: | En Argentine se joue une expérience fort intéressante qui consiste ą donner en pāture et en direct aux badauds la totalité de la vie privée d'une jeune femme volontaire. Elle, comédienne, vit dans une maison transparente au coin d'une rue. Emeutes ą l'heure de la douche, insécurité quand elle sort, l'aventure dépasse les attentes des organisateurs !!!
Il y a peu s'est joué au Pays-Bas l'avenir de la télévision ą l'occasion d'une émission qui a consisté ą enfermer dans un mźme espace un groupe de volontaire pour qu'ils vivent ensembles en vase clos. Vase ouvert ą l'oeil des caméras et du web. Emission si populaire que le concept a été acheté par des chaīnes étrangčres. Les participants sont devenus des stars !!!
L'année derničre fut joué sur les écrans le film « ennemi d'état » dont le sujet était l'hyper-surveillance policičre ą l'aide de toute une panoplie d'ustensiles inimaginables. La seule maničre de fuir pour les héros y était de détruire tous les appareils pouvant de prčs ou de loin avoir un lien avec un quelconque dehors, prise téléphonique, électrique etc !!! Ils survécurent grāce ą la technique de la terre brūlée !
On parle de plus en plus souvent d'echelon, systčme de surveillance (internationalement anglo-saxon) qui grāce aux satellites permet de surveiller toutes les communications transitant dans le monde. Cette organisation permet de jouer sur des mots clés pour lire et mémoriser toutes les informations sensibles transitant par email, téléphone etc. La liste des mots sensibles évolue en permanence !
Le phénomčne du téléphone portable n'a pas fini de doper les entreprises fabricantes et les prestataires de services, ce phénomčne qui ressemble ą une pathologie moderne, touche tout le monde. Elle joue sur le désir d'źtre relié ou visible mais révčle surtout la capacité de l'individu ą se soumettre volontairement ą la visé de n'importe qui. Enchaīnement sans pitié des utilisateurs par les oreilles !!!
Les municipalités posent des caméras ą tire l'arigo ; L'avenir de la sécurité citadine se joue dans ces installations disent-elles. Les rues, les parkings, les ascenseurs, les lieux publics sont concernés sous prétexte de protéger les innocents. La surveillance est exercée par on ne sait trop qui : des professionnels de pacotilles, des messieurs tout le monde, des professionnels du vide et l'amant de ma femme !!!
Les individus, les familles espionnent eux-mźmes leurs « petits chez eux » ou « do-mi-si-la-do-ré », ils jouent ą James Bond et posent des caméras branchées sur internet. D'un ordinateur éloigné ils contrōlent le salon, la cuisine et le comportement de la baby-sitter soupēonnée ą priori de feignantise, d'incompétence et de malhonnźteté. S'ils avaient appelé leurs niches ą cons « villa mon cul » rien ne serait arrivé !
Les systčmes de traēages des internautes et la détermination de leurs profils psychologique mais surtout de leurs profils « clients potentiels » sont efficaces. Le surfeur se trouve réduit ą quelques adresses visitées, ą quelques achats effectués, ą quelques messages échangés. L'image de l'homme en prend un rude coup. Devant un miroir il est condamné ą jouer son propre personnage, c'est pas du gāteau !
Les secrets de l'homme n'ont qu'ą bien se tenir, cernés, traqués, chassés ils n'ont plus de lieux d'expressions : ni la nuit, ni la maison, ni les lieux publics et anonymes, ni les déserts, ni les océans, ni les caves ą vin ! L'éradication de la singularité au profit de la tribalisation organisée est ą l'ordre du jour, et ceci n'est plus un jeu !
La transparence poussée ą l'extrźme transforme l'homme en un źtre invisible juste bon ą ... rien !!! C'est le paradoxe d'une époque qui propose comme unique moyen d'identification l'image : l'image télé, l'image internet, l'image cinéma, l'image publicitaire, l'image de la réussite ą travers les images des dirigeants vainqueurs et de la bourse triomphante et mźme encore et toujours l'image classique, celle de la photo d'identité comme identification antique, comme portrait anthropométrique. Cette dictature de l'image s'accompagne paradoxalement d'une uniformisation des représentations modčles selon des standards tous plus caricaturaux les uns que les autres. Chaque tendance correspond ą une case, ą un tiroir, ą une niche ou pour źtre plus tendance ą une tribu car le point commun de tous les hommes invisibles est évidemment qu'ils se ressemblent plus encore que des frčres homozygotes. Rien de plus ressemblant ą un homme invisible qu'un autre homme invisible.
Si les qualités d'invisibilité, d'inexistence et de transparences n'ont jamais été considérées comme des qualités fortes, elles n'en sont pas moins si présentes qu'elles semblent universelles. Il n'y a plus un endroit au monde oł l'homme peut revendiquer son trou noir intérieur. S'il prend le risque de le faire alors on l'envoie chez un psy pour qu'il puisse explorer son intime dans les rčgles et le faire partager aux autres malheureux. La transparence c'est la dépendance au « regard » des autres. Rien n'échappe ą personne, ni l'endroit ou l'on se cache, ni ses déplacements, ni ses achats, ni ses goūts culturels ou sexuels ni rien d'autres, ni ses rźves, ni ses fantasmes, ni ... .
Pourquoi et comment l'individu accepte t'il de se soumettre délibérément ą cette évolution qui tend ą le rendre esclave ? C'est en partie un mystčre mźme si l'ambivalence humaine qui pousse l'individu ą éprouver le besoin d'exister et donc d'źtre connu et reconnu mais qui le conduit également ą se taire quand il le désir, cette ambivalence repose sur un équilibre précaire soumis ą tous les roulis et parfois au chavirage.
Il y a une certaine inconscience ą pleurer sur l'individu singulier donc subversif d'un endroit, le web, qui est le symbole mźme de la fausse liberté du citoyen puisque mźme s'il n'en a pas conscience il y est pisté. Le surfeur sčme ą tout vent des graines de lui-mźme qui sont classées, triées, stockées. Il n'est plus qu'un corpus d'adresse de références. C'est le lieu de la dissolution de la personne physique, c'est le lieu de l'inexistence réelle (joli paradoxe n'est-il pas ?) dont il n'a pas conscience comme Bruce Willis dans le « 6° sens » ne sait pas qu'il n'est pas !.
Mais quel est donc ce pouvoir qui impose la transparence ? Pouvoir religieux ? Non car il fonde son pouvoir sur le mystčre. Les pouvoirs politiques, judiciaires etc. ? Non plus, ceux lą ne peuvent exister que dans l'ombre et la lumičre, les contrastes, le rapport secret/aveux, fondement mźme de leur existence. Il ne reste que le pouvoir économique qui numérise tout, et les mots, et les concepts, et les idées, c'est ą dire l'émanation des cerveaux individuels et collectifs. Au tout au moins croit-il pouvoir le faire, et pour le faire, il ą intérźt lui-mźme ą jouer le jeu de la transparence (le MEDEF ne demande t'il pas aux patrons de dévoiler leurs rémunérations ?), de la simplification, de la normalisation pour que tout soit visible donc maītrisable. Le pouvoir économique dissous chaque individu dans des archétypes economicus efficaces. L'heure des fantōmes trébuchants a sonné. |
A méditer...
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Our futur remains possible!
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