quote: | Deux adolescents sur trois ont vu des films pornographiques
Elle est loin, l'époque où les adolescents s'échangeaient des magazines érotiques et les cachaient sous leur matelas. Désormais, les jeunes visionnent des images ou des films pornographiques à la télévision, en vidéo ou sur Internet.
D'après une étude réalisée par l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), sous la direction de l'épidémiologiste Marie Choquet, 62 % des 14-18 ans _ 80 % des garçons et 45 % des filles _ ont regardé des images pornographiques durant les douze derniers mois. Le petit écran demeure la principale source de ces images, loin devant la vidéo et Internet.
C'est à la demande du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) que des questions sur la pornographie ont été introduites dans le volet français de la dernière enquête Espad (European School Survey Project on Alcohol and Other Drugs), menée au printemps 2003 par l'Inserm en partenariat avec l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) auprès d'un échantillon de quelque 10 000 élèves scolarisés de la quatrième à la terminale.
Cette étude _ dont l'analyse des résultats a fait l'objet d'un rapport _ permet, pour la première fois, d'appréhender la fréquence du visionnage d'images pornographiques par les adolescents et de cerner les caractéristiques sociales et personnelles des jeunes qui regardent ces images. Surtout, elle tente de cerner le poids de ces images comme facteurs de troubles ou d'adoption de conduites à risque.
A 14 ans, 61 % des garçons ont vu au moins un film pornographique à la télévision dans l'année. Ce chiffre augmente avec l'âge, avec des pointes à 15 ans pour les filles et à 16 ans pour les garçons, puis il se stabilise assez vite. Les garçons sont non seulement plus nombreux à regarder du X, mais aussi plus enclins à être des "spectateurs assidus" . Ainsi, 24 % d'entre eux, contre seulement 2 % des filles, ont vu au moins dix films pornographiques lors des douze derniers mois.
La perception du porno est très différente suivant le sexe. Alors que 56 % des filles déclarent que ces images les "dégoûtent" , 54 % des garçons les considèrent "amusantes" ou "distrayantes" . Au fil de l'âge, "l'opinion globalement très négative évolue peu chez les filles et devient de plus en plus positive chez les garçons" , soulignent les chercheurs.
Parmi les "facteurs associés" à la pornographie _ qu'ils soient socio-démographiques, scolaires ou familiaux _ le niveau d'études des parents apparaît, comme la variable "la plus significativement" associée à cette pratique.
Mais les différences ne sont pas spectaculaires : 30 % des garçons dont le père a un faible niveau d'études sont des "assidus" des films X, contre 22 % de ceux dont le père a suivi des études supérieures.
La fréquence du visionnage des images pornographiques n'est pas liée au type d'établissement scolaire fréquenté. Que les jeunes soient élèves en zone d'éducation prioritaire (ZEP) ou non, dans un établissement public ou privé, en milieu urbain ou rural, la proportion de ceux qui regardent du porno est la même.
En revanche, l'enquête fait apparaître des liens avec l'appréciation qu'a l'élève de l'école, ainsi qu'avec l'absentéisme et le redoublement . Les jeunes qui rencontrent des problèmes dans leurs études sont également enclins à consommer des images pornographiques.
Par exemple, 30 % des garçons qui "n'aiment pas l'école" (contre 20 % de ceux qui "l'aiment bien") regardent au moins dix fois par an du porno. Davantage que d'un lien de cause à effet, qui reste "difficile à établir", les chercheurs parlent de "facteurs de risque" qui augmenteraient "la probabilité de visionnage" d'images pornographiques par les adolescents.
Sans doute parce que l'adolescence est le moment propice pour s'affranchir des interdits, l'enquête montre que "le fait que les parents définissent clairement les règles" à l'intérieur ou à l'extérieur de la maison n'a pas de répercussions sur la consommation d'images pornographiques. Même le contrôle parental - notamment sur les sorties - ne joue aucun rôle sur les garçons. Seules les filles semblent influencées par ce contrôle.
Se penchant sur l'association entre la consommation de substances, les conduites à risque et la pornographie, l'enquête met au jour un certain nombre de liens :strongue:. Ainsi, chez les garçons comme chez les filles, la consommation régulière de tabac ou d'alcool, la déprime, les tentatives de suicide et le fait d'avoir été victime de violences apparaissent comme des "variables associés" au visionnage de films X.
Une question demeure, selon les auteurs du rapport : la pornographie est-elle un facteur de risque spécifique ou se cumule-t-elle à d'autres conduites à risque ? "Le sens du lien observé reste à confirmer , précisent les chercheurs, car la force de ce lien ne définit pas le sens de ce lien. Et le lien peut aussi être "en spirale", à la fois cause et effet."
Pour tenter d'apporter une réponse, l'enquête différencie les types de spectateurs. Parmi les assidus, "la probabilité d'adopter des conduites à risque (fugue, ivresse, consommation régulière de cannabis) est aussi élevée chez les jeunes "sans vulnérabilité sociale ou scolaire apparente" que chez les autres" .
Le fait de regarder régulièrement des films X peut donc être considéré comme le signe d'un éventuel malaise de l'adolescent.
Devant ces premières données, les chercheurs défendent la nécessité d'"approfondir" les résultats de cette étude. Ils appellent notamment de leurs voeux des recherches sur "les lieux et les conditions de visionnage des images pornographiques" .
Car l'enquête ne permet pas de savoir si les jeunes regardent ces films à la maison, seuls, en groupe, sous la contrainte ou non.
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J'aime bien cette analyse et se rapprochement entre X et difficulté sociale !!! Chez les ado peut être mais ensuite je ne suis pas sûr que l'analyse soir bonne. Enfin ça me fait marrer.
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